Châtel-St-Denis (FR), 6'100 habitants

Un projet bien planifié

Pour son réseau de chauffage à distance au bois déchiqueté, la Commune de Châtel-St-Denis (FR) a fait les choses dans l’ordre. Elle a réfléchi, planifié, s’est laissée conseiller et a fait évoluer son concept. Mais sans jamais perdre de sa motivation première.

Claude Minder se tient devant le bâtiment de la chaufferie de Châtel-St-Denis et dit: « Ce qui est appréciable ici, c’est que nous avons à disposition un beau bâtiment industriel. » Celui qui est responsable chaleur et contracting chez Genossenschaft Elektra Baselland (EBL) et qui gère le réseau de chaleur de Châtel St-Denis, apprécie le volume de béton et de verre qui accueille la chaufferie. En effet, simple et pur, le bâtiment laisse à voir les tuyaux inox et les chaudières orange qui y sont logés. Sur une vitre, un vaste autocollant « Cité de l’énergie® » montre un intérêt marqué pour les questions environnementales, mais aussi le chemin parcouru par la Commune.   

Une densité suffisante de raccordement  

L’idée d’un chauffage à distance utilisant une énergie locale était dans l’air depuis le milieu des années 90. En parallèle, la Commune savait que son Cycle d’orientation (CO) devait assainir ses installations de chauffage, qui brulaient 300’000 litres de mazout par an. Elle entendait aussi construire une salle dite triple, c’est à dire un lieu qui inclut trois salles de tailles égales et qui peuvent être réunies, pour des évènements sportifs et festifs. Dominique Perritaz, ancien membre du bureau d’ingénieurs Energie Concept, qui a longtemps conseillé la municipalité avant de rejoindre EBL, explique : « Au début d’un projet de chauffage à distance, tout le monde veut être raccordé et on se retrouve avec un périmètre trop vaste à desservir. Il faut ensuite optimiser le réseau. » Donc savoir quels seront les bâtiments collectifs qui formeront le cœur du maillage et combien d’édifices collectifs et individuels y prendront part. Dominique Perritaz ajoute : « Au début, la municipalité voulait installer la centrale de chauffe dans les sous-sols de la salle triple, puis elle s’est rendue compte que ce concept en sous-sol serait cher à construire et à exploiter. » Notre ingénieur met la municipalité en contact avec EBL, une entreprise qui gère aujourd’hui 60 réseaux de chaleur dans toute la Suisse. Au fil des discussions, le concept évolue. On le rend plus compact. En effet, un projet de chaleur à distance ne doit être ni trop vaste, ni surdimentionné. Une mauvaise conception aurait une influence sur le rendement des chaudières, la qualité de la combustion et les coûts. « Par le passé », précise encore Dominique Perritaz, « on a vu des projets avec des chaudières trop puissantes, des réseaux trop longs ou des consommations surestimées faire faillite et donner une mauvaise image de la filière bois-énergie. » Le chauffage à distance de Châtel-St-Denis est repensé selon les recommandations dites QM Chauffage au bois mises en place par Energie bois Suisse. Avec de ces normes, un réseau atteint plus vite sa rentabilité.  

S’organiser avant l’hiver  

Après deux ans de planification et 18 mois de construction, le réseau est mis en service en décembre 2010. La chaufferie comprend une chaudière de forte puissance (1600 kW) pour couvrir le gros des besoins, une chaudière de faible puissance (900kW) pour répondre aux périodes de faibles demandes, notamment estivales. Ces deux équipements répondent à 98 pour cent de la demande. Une chaudière à gaz et mazout est présente pour pallier à des pointes de demande (2 pour cent) ou à des pannes éventuelles. L’approvisionnement en bois des chaudières est automatique, de même que l’évacuation des cendres. Aujourd’hui, le réseau dessert environ 60 bâtiments – dont la salle triple, le CO, la piscine couverte, des immeubles collectifs, ou des maisons individuelles; quant à l’eau chaude qui y circule, elle quitte la centrale à 85 degrés et y revient à 50 degrés. La réalisation s’est chiffrée à neuf millions de francs et EBL est devenu contracteur. Via ce schéma, la Commune n’a construit et financée que le bâtiment de chauffe et de stockage qu’elle loue à EBL. Cette dernière a investi dans toutes les installations techniques et les canalisations de distribution de la chaleur. Ce partenariat n’alourdit pas les finances de Châtel-St-Denis et simplifie la gestion : la municipalité n’a qu’un intervenant, EBL, qui gère la centrale avec les forestiers locaux. Pour ce qui est de la fourniture de chaleur, la Commune paye à EBL un prix qui est calculé sur la base de la consommation lue sur les compteurs. C’est simple. Châtel-St-Denis n’aura jamais à gérer un éventuel problème qui interviendrait avec les quatre fournisseurs de bois, qui livrent autant des produits des forêts de la commune que des déchets de scieries. Le stock total de copeaux de bois entreposé sous les halles de béton correspond à deux mois de consommation hivernale et le silo d’alimentation à au minimum quatre à cinq jours de consommation, et ce afin d’alimenter le réseau sans intervention humaine même en période de longs week-ends ou de fêtes. Dans la pratique, du bois déchiqueté peut être stocké pour bien plus longtemps, mais c’est aux fournisseurs d’organiser leurs stocks notamment avant l’hiver. Quant au taux d’humidité du bois, il varie de 35 à 50 pour cent en fonction de la puissance de la chaudière et EBL passe régulièrement contrôler la qualité des copeaux livrés.   

Utiliser une énergie locale

  Avec le recul et même si le projet a été réajusté, Dominique Perritaz estime que la Commune n’a jamais perdu de sa motivation et a toujours été active en matière de communication : « La volonté de faire reste primordiale. De plus, la municipalité a su bien implanter la centrale, légèrement à l’extérieur de la ville, ce qui évite les nuisances. Elle a profité du chantier lié au chauffage à distance pour faire d’autres travaux et faire ainsi des économies de génie civil. C’est nécessaire, car les habitants n’aiment pas voir leur ville constamment en travaux. » Le projet a beaucoup apporté à Châtel-St-Denis. D’abord cet engagement environnemental lui a permis de devenir Cité de l’énergie® dès 2008. De plus, elle valorise ses propres forêts, dont elle possède la deuxième plus grande superficie du canton. Si les retombées financières sont difficiles à calculer, les spécialistes de l’énergie rappellent que sur un Franc Suisse dépensé pour se chauffer au mazout, 20 centimes restent en Suisse, mais qu’avec le même montant investit dans le bois énergie au moins 90 centimes restent dans le pays et ses cantons et communes. Dans la pratique, une personne s’occupe de l’approvisionnement de la centrale et une équipe chargée de l’entretien passe une fois par semaine, soit au total un équivalent de 0,2 à 0,3 emplois 100 pour cent. Le réseau de chaleur de Châtel-St-Denis sera définitivement clos lorsque les 300 appartements du quartier de Montmoirin seront construits et reliés au chauffage à distance. L’objectif maximum de raccordements sera alors atteint. En bon connaisseur de la thématique, Dominique Perritaz ajoute : « Tout bon projet a aussi une fin. »

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Contact

Dominique Perritaz
Contracting Energétique Responsable Romandie EBL
Mühlemattstrasse 6
4410 Liestal
Tel. 061 926 11 11 (Zentrale)
E-Mail

 
 

Liens

 
 

Faits et chiffres

  • Le réseau consomme en moyenne 12’000 m3 de bois déchiqueté par an. Emissions de CO2 évitées : 2400 tonnes par an. 850 000 litres de mazout évités.
  • Coût global du projet, bâtiment compris : 9 millions de Francs Suisse. EBL a investi à ce jour 7,5 millions de Francs Suisse dans les chaufferies et les canalisations.
  • Distance du réseau, départ et retour : 2 x 2 kilomètres.
 
 
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